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réalisé quelques progrès et après avoir inventé le feu.

L’homme n’a pas été cannibale, à l’époque frugivore, parce que, pour manger l’homme, il faut le tuer, le dépecer et le cuire, mais encore auparavant le combattre et le vaincre. Or, l’homme étant l’ennemi ou le gibier le plus dangereux pour l’homme, par suite de l’égalité des forces physiques et mentales (comme le tigre est l’ennemi le plus dangereux du tigre pour la même raison), les combats systématiques entre hommes n’ont pu avoir lieu que lorsque l’outillage technique et l’organisation sociale étaient déjà plus ou moins avancés.

L’homme n’a pas commencé non plus par le cannibalisme, encore pour cette autre raison que les premiers groupements ont dû être, nécessairement très faibles. À certaine époque, ils ont dû être composés de quelques centaines d’individus au plus. Si les forces disjonctives avaient pris le dessus dans ces petits groupes, par suite du cannibalisme, l’humanité ne se serait jamais développée et elle aurait rapidement disparu. Les embryons sont très faibles. Il faut bien peu d’effort pour les détruire. La marche de l’évolution humaine n’a pas pu se faire autrement que dans l’ordre suivant :

Période frugivore ;
— frugivore et carnivore ;
— frugivore, carnivore et cannibale.

Mais la marche en sens inverse est absolument impossible, parce que contraire à la nature des choses.

Étant donnée la loi générale que le progrès va en s’accélérant, la période frugivore a dû être plus longue que la carnivore, et la carnivore plus longue que la cannibale[1]. Le cannibalisme ne peut donc être qu’un fait relativement récent.

Il convient de serrer de près les considérations sur les

  1. Il en est de même en géologie. On attribue dix-huit millions d’années à la période archéenne et seulement trois cent mille ans à la période quaternaire.