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sont de même nature que les rapports entre les cellules d’un organisme et non que les rapports entre individus d’espèces antagonistes servant d’alimentation les unes aux autres. Si différents que soient les hommes, ils peuvent tous s’unir afin de lutter contre le milieu ambiant. La combinaison la plus avantageuse pour chaque homme est une association avec tous les autres. Plus on a d’associés, plus on est puissant. Notre maîtrise sur la nature sera en raison directe de l’extension de l’association et de la perfection des liens qui nous unissent à nos semblables. Comme la lutte contre le milieu est le phénomène primordial de la vie, l’association de tous les hommes est l’état de notre espèce qui est conforme à la loi fondamentale de la biologie. Cette loi fondamentale est que tout être vivant fuit la douleur et recherche le plaisir. Or, comme M. Le Dantec vient de nous le dire, c’est en s’associant avec tous ses semblables que l’homme a pu s’assurer la domination du monde, c’est-à-dire le maximum de plaisir. On verra plus loin, au chapitre XI, quelles forces perturbatrices ont empêché l’homme, jusqu’à ce jour, d’atteindre l’équilibre complet dans ses relations avec ses semblables, ce qui équivaut à l’établissement de rapports juridiques entre toutes les nations. Mais l’analyse exacte des phénomènes de l’association, à laquelle je viens de me livrer, démontre, d’une façon péremptoire, le néant et l’inconsistance de la théorie darwinienne. Non, ce n’est pas l’homicide collectif qui fait le progrès, c’est l’alliance entre les hommes qui fait le progrès. Ce n’est pas la mort du semblable qui fait la vie du semblable, c’est la vie du semblable qui fait la vie du semblable. Les vérités enseignées par la biologie s’appliquent directement à la sociologie. Être sociologue et darwinien, c’est nager en pleine contradiction.