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RENZO NOVATORE

cules. J’essaye de saisir tout ce qui me reste de mes alanguissements. Nous sommes en guerre. Tout ce que j’ai la force d’arracher est mien. Et je sacrifie tout ce qui est mien sur l’autel de ma vie et de ma liberté. Cette vie mienne que je sens palpiter parmi les flammes propulsives qui flambent dans mon cœur ; parmi l’agonie sauvage de mon être tout entier qui remplit mon esprit des bouleversements divins et crée les fanfares tonitruantes de guerre et les symphonies polyphoniques d’un plus haut et plus étrange amour inconnu, qui se répercute dans mon esprit. Cette vie qui remplit mes veines d’un sang vigoureux et vif qui étend les spasmes diaboliques d’exaltante expansion par tous les nerfs de mes muscles et ma chair ; les spasmes de cette vie mienne que j’entrevois à travers la vision affolée de mes rêves, désireux et dans le besoin d’un développement infini. Ma devise est : exproprier et bruler, en laissant toujours derrière les cris d’atrocité morale et en détruisant les troncs antiques derrière moi. »

« Quand les hommes ne possèdent plus la richesse morale — les seuls trésors vraiment inviolables — alors je jetterai mes brise-serrures. Quand il n’y aura plus de fantômes dans le monde, alors je jetterai ma torche. Mais cet avenir est loin et peut ne viendra-t-il jamais ! Et je suis un enfant de cet avenir éloigné, tombé dans ce monde par le hasard, dont je salue la puissance. »

Voici donc ce que l’Expropriateur m’a dit en cet août éloigné alors que le soleil brodait dans l’or la nature verdoyante, parfumée et festive qui chantait une chanson joyeuse à la beauté païenne.



Dans Iconoclasta !, n°10, 26 novembre 1919 (Pistoia)
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