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LA NATURE

guise, car elles ne paraissent être que les rayons et les effets que ce moi suscite de tous côtés en ce milieu élastique, ou sa dispersion en lui, ou en général, un jeu de vagues de cette mer avec l’attention soutenue. Il est très remarquable que l’homme découvre, pour la première fois, en ce jeu, sa véritable, sa spécifique liberté et qu’il lui semble qu’il s’éveille d’un profond sommeil, qu’il se trouve, pour la première fois, chez lui dans l’univers, et que, pour la première fois aussi, la lumière du jour se répande sur son univers intérieur. Il se croit arrivé au sommet, lorsque, sans troubler ce jeu, il peut s’occuper des affaires ordinaires des sens, et sentir et penser en même temps. Les deux perceptions profitent de la sorte : le monde extérieur devient transparent et le monde intérieur complexe et significatif. Et c’est ainsi que l’homme se trouve, en un vivant état intérieur, entre deux mondes, dans la plus complète liberté et la plus douce conscience de la force. Il est naturel que l’homme cherche à éterniser cet état et à l’étendre à la somme tout entière de ses impressions. Il est naturel qu’il ne se lasse pas de poursuivre ces associations des deux mondes, et de rechercher leurs lois, leurs sympathies et leurs antipathies. L’ensemble de ce qui nous touche, on l’appelle la Nature, et ainsi la Nature se trouve en rapports immédiats avec les parties de notre corps que nous nommons les sens. Des relations inconnues et mystérieuses de notre corps, font supposer des relations inconnues et mystérieuses de la Nature, et de la sorte, la Nature est