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LA NATURE

création qui l’entoure deviendra plus parfaite. À chaque pas qu’il fait, il remarquera l’universelle activité d’un haut ordre moral dans l’univers, et verra s’affirmer de plus en plus clairement le plus pur de son moi. Le sens de l’univers est la Raison ; c’est pour elle que l’univers est là ; et s’il est d’abord l’arène d’une raison d’enfant qui vient à peine de s’épanouir, un jour il deviendra l’image divine de son activité et la scène d’une Église véritable. En attendant, que l’homme l’honore comme l’emblème de son âme, emblème qui s’ennoblit avec lui par degrés infinis. Que celui qui veut parvenir ainsi à la connaissance de la Nature, cultive son sens moral, qu’il pense et qu’il agisse selon l’essence noble de son âme ; et la Nature s’ouvrira d’elle-même devant lui. L’action morale est la grande tentative dans laquelle se résolvent toutes les énigmes des innombrables phénomènes. Qui la comprend et peut logiquement l’appliquer est à jamais maître de la Nature.

Le disciple écoute avec angoisse ces voix contradictoires. Il lui semble que toutes ont raison et un trouble singulier s’empare de son âme. Puis, peu à peu, s’apaise l’émotion intérieure, et au-dessus des vagues sombres et qui se brisent entre elles, semble s’élever un esprit de paix, dont la venue s’annonce en l’âme du jeune homme par le sentiment d’un courage nouveau et d’une sérénité dominatrice.

Un compagnon rieur, le front orné de roses et de volubilis, s’approcha et le vit affaissé en lui-même. — Ô rêveur, cria-t-il, tu te trompes de