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LA NATURE

l’esprit, avec d’autant plus d’unité, d’autant plus complètement et plus personnellement entrent en elles chaque corps et chaque phénomène ; car à la nature du sens correspond la nature de l’impression. Et c’est pourquoi, aux hommes primitifs tout devait sembler humain, connu et aimable. La moindre particularité devait devenir visible à leurs yeux ; chacune de leurs expressions était un véritable trait de nature, et leurs représentations devaient être d’accord avec le monde qui les entourait et donner une expression fidèle de celui-ci. Nous pouvons donc considérer l’idée que nos ancêtres se sont faite des choses de l’univers, comme une production nécessaire, comme une empreinte de l’état primitif de la Nature terrestre. Nous pouvons leur demander surtout, à eux qui furent les instruments les plus aptes à observer l’univers, quelle était la relation capitale de cet univers, quels étaient ses rapports primitifs avec ses habitants et ceux de ces habitants avec lui. Nous voyons que ce sont précisément les questions les plus hautes qui d’abord occupent leur attention et qu’ils cherchent la clef de ce merveilleux édifice, tantôt dans la masse des choses réelles, tantôt dans l’objet imaginaire d’un sens inconnu.

Il est remarquable que le pressentiment général de cet objet se trouve dans les liquides, les fluides et les corps sans formes. La lenteur et l’impotence des corps fermes pourrait bien significativement, faire naître la croyance à leur dépendance et à leur infériorité. Assez tôt, un