Page:Novalis - Les Disciples à Saïs, 1914, trad. Maeterlinck.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
FRAGMENTS

nous-même. Celui qui s’arrête ici ne va qu’à mi-chemin. Le second pas doit être un regard actif vers le dehors ; considération personnellement active et fixe du monde extérieur. L’artiste ou l’écrivain ne fera jamais une œuvre remarquable, qui ne peut reproduire autre chose que ses expériences, ses sens, ses objets préférés, qui ne peut gagner sur lui-même d’étudier avec zèle et de représenter à loisir, un objet absolument étranger et qui ne l’intéresse pas du tout. Il faut que l’artiste puisse et veuille reproduire tout ce qui existe. C’est de là que naît le grand style qu’on admire si justement dans Gœthe.

Toute forme humaine amène un germe individuel en celui qui la contemple. C’est ainsi que cette contemplation devient infinie. Elle est liée au sentiment d’une force inépuisable ; et c’est pourquoi elle est absolument vivifiante. Lorsque nous nous contemplons nous-mêmes, nous nous vivifions nous-mêmes.

L’amour est le but final de l’histoire universelle. L’amen de l’univers.

Quand notre intelligence et notre univers s’harmonisent, nous sommes semblables à Dieu.

L’amour est le réel suprême, le principe. Tous