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FRAGMENTS

bien d’autres conséquences remarquables ne naîtraient-elles pas de là ?

Tous les arts et toutes les sciences reposent sur des harmonies partielles.

L’amour est le produit de l’action réciproque de deux individus. De là, il est mystique, universel et infiniment perfectible comme le principe individuel lui-même.

Il y a bien des manières de se libérer du monde des sens. D’abord par l’émoussement des sens, — habitude, épuisement, endurcissement, etc. Deuxièmement, par application à un but déterminé, modération et transformation de l’excitation sensuelle — art de guérir. — Troisièmement par maximes a) de mépris et b) d’hostilité envers toutes sensations. La maxime du mépris de toute sensation extérieure était propre aux stoïciens et est encore, en partie, propre aux sauvages de l’Amérique. Celle du mépris des sensations intérieures est propre aux soi-disant gens d’esprit du grand monde et d’ailleurs. La maxime de l’hostilité envers les sensations intérieures et extérieures, les anachorètes, fakirs, moines et pénitents de toutes les époques, l’ont proposée et aussi l’ont suivie en partie. Bien des criminels peuvent avoir été obscurément imbus de cette maxime. Cette dernière maxime et la précédente