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FRAGMENTS

La mythologie grecque semble réservée aux lettrés, et par là même en opposition complète avec le christianisme.

L’avenir n’est pas pour le malade. Seul, le regard de l’homme sain peut se perdre hardiment en ses chemins merveilleux. Le malheur est une vocation divine. On ne peut devenir saint que par le malheur, et c’est pourquoi les saints d’autrefois se précipitaient d’eux-mêmes dans le malheur.

Les martyrs sont des héros spirituels. Tout homme a ses années de martyre. Le Christ fut le grand martyr de notre histoire ; par lui, le martyre est devenu infiniment profond et sacré.

La prière est dans la religion ce que la pensée est dans la philosophie. Prier c’est faire de la religion ; la prédication devrait être une prière. Le sens religieux prie, comme l’organe de la pensée pense.

Une union qui se fait aussi pour la mort, est un mariage qui nous donne une compagne pour la nuit. C’est dans la mort que l’amour est le plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit