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FRAGMENTS

cruauté, n’ait pas rendu les hommes attentifs à leur parenté intime et à leur tendance commune…

On peut toujours accorder que l’homme a une tendance prépondérante au mal ; il est d’une nature d’autant meilleure, car seuls les dissemblables s’attirent.

Les méchants doivent faire le mal par haine des méchants. Ils croient que tout est mal ; et par là, leur penchant à détruire devient fort naturel ; car de même que le bien est l’élément conservateur, le mal est l’élément destructeur. Ceci se détruit finalement soi-même, et l’idée même s’en contredit ; tandis que cela s’affirme soi-même et existe et perdure en soi. Les méchants doivent mal agir, à la fois contre et avec leur volonté ; ils sentent que chacun de leurs coups les frappe eux-mêmes, et cependant ne peuvent s’empêcher de frapper. La méchanceté n’est qu’une maladie des sentiments, qui a son siège dans la raison ; et c’est pourquoi elle est si têtue et ne peut être guérie que par un miracle…

Dans la morale de Fichte se trouvent les considérations les plus importantes sur la morale. La morale ne dit rien de déterminé ; elle est la conscience ; un simple juge sans lois. Elle ordonne sans intermédiaire mais toujours spécialement. Elle est tout entière résolution. Les lois sont absolument opposées à la morale.