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FRAGMENTS

tionalisée, puis à devenir poétique, ensuite morale et enfin religieuse.

Les mathématiques sont bien une force animique extériorisée de l’intelligence, cette force faite organe et objet extérieurs ; une intelligence réalisée et objective. Pourrait-il se faire que par nos efforts, d’autres, et peut-être toutes les facultés de l’âme devinssent des instruments extérieurs ? Tout sortira de nous et deviendra visible ; notre âme deviendra représentable. Le système scientifique deviendra un corps symbole de notre intérieur (organe = système). Notre esprit deviendra une machine perceptible par les sens, non en nous, mais hors de nous. L’univers est une force Imaginative devenue perceptible par les sens ; devenue machine. L’imagination est venue ou devenue la première et le plus facilement sur le monde, l’intelligence probablement la dernière.

L’acte de se dépasser soi-même est partout l’acte suprême, l’origine, la genèse de la vie. La flamme n’est pas autre chose qu’un tel acte. Ainsi, toute philosophie commence là où le philosophant se philosophie lui-même, c’est-à-dire se consume et se renouvelle en même temps. L’histoire de ce phénomène est la philosophie. Ainsi, toute moralité commence là où j’agis par vertu contre la vertu. Là commence la vie de la vertu, par laquelle la capacité s’accroît probablement à