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FRAGMENTS

Elles sont symboliques et ont plus d’un sens, elles sont simples et inépuisables comme les produits de la nature, et rien ne serait plus inexact que d’en dire que ce sont des œuvres d’art, dans le sens restreint et mécanique de ce mot.

Dans les pièces historiques de Shakespeare, il y a une lutte ininterrompue entre la poésie et l’impoésie. Le trivial y est spirituel et libre, tandis que le grand y est roide et triste. La vie inférieure y est constamment opposée à la vie supérieure, souvent tragiquement, souvent parodiquement, souvent pour le contraste seul. L’histoire, ce que le poète appelle l’histoire, est représentée dans ces pièces, c’est de l’histoire qui se résout en dialogues, ce qui est tout juste le contraire de l’histoire véritable ; et cependant c’est de l’histoire telle qu’elle doit être et synchronique. Tout ce qui est dramatique ressemble à une romance ; c’est clair, simple, rare, un véritable jeu poétique, sans but déterminé.

Il y aurait un beau travail à faire sur les méchants écrivains et sur les médiocres. On n’a guère, jusqu’ici, écrit sur eux que de méchantes et médiocres choses ; et cependant une philosophie du mauvais, du médiocre et du vulgaire serait de la plus haute importance.