Page:Novalis - Les Disciples à Saïs, 1914, trad. Maeterlinck.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
FRAGMENTS

à modifier selon sa fantaisie le monde réel ; tandis que chez l’être non artiste ils ne s’éveillent que par l’introduction d’une sollicitation extérieure et semblent prouver que l’esprit comme la matière est soumis ou se soumet aux lois de la mécanique (où toute modification présuppose une cause et où action et réaction doivent être réciproquement égales). Il est en tout cas consolant de savoir que ces rapports mécaniques ne sont pas naturels à l’esprit et, que par conséquent, comme tout ce qui n’est pas spirituellement naturel, ils sont temporaires.

Serait-il vrai que les gestes soient réellement grammaticaux, symboliques ou expressifs ? Je ne crois pas qu’ils le soient, mais ils le seraient s’ils étaient naturels, au sens idéal : produits de l’association idéale des membres intérieurs et extérieurs. Ils appartiennent à l’art de la danse.


Chaque œuvre d’art a un idéal a priori ; une nécessité en soi d’être là.


Il ne faudrait jamais voir une œuvre d’art plastique sans musique, ni écouter une œuvre musicale ailleurs que dans des salles bien décorées.


La sculpture et la musique se trouvent l’une en face de l’autre comme des masses opposées.