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le comte de chambord

Impénétrables vues de la Providence ! Le « lis » devait être de bonne heure tourmenté par l’orage, « l’enfant glorieux » ne devait jamais monter sur le trône de ses pères. Il n’avait pas dix ans lorsqu’il commença à connaître les tristesses de l’exil, de l’exil où il devait mourir !

Sa vie reste pour nous un mystère. Dans ce martyre continu d’un grand cœur impuissant à accomplir le bien qu’il rêvait, dans ce dévouement sublime resté inefficace, dans ces nobles sentiments incompris par un grand nombre, est un problème dont l’avenir nous donnera peut-être la solution. En attendant, il faut adorer sans les comprendre les décrets de Dieu.

Henri V n’a pas régné, mais il laisse une mémoire sans tache. Ses ennemis eux-mêmes lui rendront ce témoignage : son âme est restée grande toujours, elle n’a connu ni haine, ni bassesse. Il a pu mourir sans avoir à rétracter une seule parole, sans avoir à répudier un seul de ses actes. L’histoire le montrera aux générations futures le front brillant de la triple auréole de la vertu, de la majesté et du malheur. L’histoire dira que si la France n’a pas voulu de lui, lui n’a jamais cessé d’aimer la France. Recueillons ici quelques-unes de ses admirables paroles :

« Quoique forcé de vivre loin de ma patrie, je ne puis jamais rester étranger ou indifférent aux maux qu’elle endure.