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d’un peu de foi et de réflexion pour mépriser les joies qui passent ; mais c’est le contraire. Du moins, j’ai beau faire, je ne puis m’amener à ces austères dédains.

Pourtant, je sais par cœur bien des belles phrases sur la vanité de l’amour et du bonheur, mais n’y a-t-il pas là-dedans beaucoup d’exagération ?

Et quand même tout finirait par se faner, par se flétrir, faut-il mépriser tout ce qui ne dure pas éternellement ?

Ni la verdure ni les fleurs ne durent toujours. Cependant qu’elles sont belles et sans elles que la terre serait triste !


29 mai. — Oui, la verdure est belle et enfin voici le printemps sérieusement à l’œuvre. On sent circuler partout la vie fraîche, puissante, exubérante.

J’ouvre ma fenêtre dès le matin. J’aime ce soleil éclatant, cet air tiède chargé des senteurs nouvelles, et je voudrais n’avoir rien à faire qu’à regarder verdir, qu’à regarder fleurir, qu’à écouter ces bruits agrestes et charmants.


10 juin. — L’humeur noire que j’avais dans le cœur s’en va. À vrai dire ma tristesse n’est plus qu’une brume légère souvent transpercée de soleil.