haute direction, le premier rôle. C’est ici que commence l’abus, et c’est de cet abus que doit provenir, dans un avenir plus ou moins éloigné, la ruine de l’ouvrier et celle du patron. Les ouvriers s’étaient associés dans un but de protection mutuelle, pour mettre en commun leur travail et leur intérêt, pour assurer l’avenir de leurs familles ; cela ne leur suffit plus. Grâce aux conseils pervers de quelques paresseux pleins d’ambition, beaux parleurs qui travaillent plus de la langue que des bras, et qui sont les véritables frelons de la ruche, ces honnêtes artisans commencent à trouver que leur travail quotidien n’est pas assez rétribué, que leurs bénéfices dans l’exploitation ne sont pas assez élevés.
Le patron mène assez grand train, pourquoi ne feraient-ils pas comme lui ? Après tout, n’est-ce pas leur travail qui fait sa richesse ? Et puisqu’il en est ainsi, ne devrait-il pas partager avec eux ce luxe apparent qui l’entoure ? Ils ne réfléchissent pas que c’est le patron qui fournit et risque son capital et que s’il est vrai qu’ils sont les bras, il est également vrai que c’est lui qui est la tête, et que tout ce qu’ils lui enlèveront d’influence et de liberté d’action sera autant de retranché sur le fonds commun qu’ils exploitent. Leur bon sens a été surpris par les phrases ronflantes des beaux parleurs ; ils ne voient plus que le mirage qu’on a fait briller à leurs yeux, ils lâchent imprudemment la proie pour courir après l’ombre, et voici venir