amenant et brouillards et froidure. Pauvres humains, tristes humains ! Vers de lointaines contrées, en de tiédes climats, au-delà de la mer bleue, l’oiselet s’en- vole jusqu’au printemps[1]. »
Il est comme l’insouciant oiselet, l’exile nomade. Pour
lui point de gîte fixé, point d’accoutumance. Tout lui
est chemin ; partout il trouve un abri pour sa nuitée.
L’aube le réveille, il abandonne sa journée à la volonté
de Dieu, et le travail de la vie ne troublera pas le calme
indolent de son cœur. Parfois les enchantements de la
gloire scintillent à ses yeux comme une étoile lointaine ;
parfois il se ressouvient du luxe et des plaisirs. Souvent
la foudre gronde sur sa tête isolée, mais sous la tempête,
comme sous un ciel serein il s’endort insouciant. Ainsi
vit Aleko, oubliant la malice de l’aveugle destin. Autrefois,
grand Dieu ! quelles passions se jouèrent de
, cette âme docile ! Comme elles bouillonnaient en ce
cœur bourrelé ! Elles l’ont abandonné depuis longtemps.
.. Pour longtemps ? Se réveilleront-elles un jour ?
— Qu’il attende !
- ↑ Les deux strophes entre guillemets sont d’une autre mesure que le reste du poème.