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ELVIRA


Le hasard fit qu’un souffle de vent
Dérangea la guimpe de la Reine ;
L’envieuse épingle tomba, et à l’instant
Éclatèrent au jour un beau sein d’albâtre
Et deux tetons fermes et francs,
Durs comme des pommes de pin, blancs comme de la neige.

Tel un paysan qui entend déclamer
Une octave du Tasse ou de l’Arioste
Et dont l’esprit obtus ne comprend pas
Ce beau langage, si différent du sien,
S’y montre aussi indifférent
Que pour un sonnet du prêtre Merciai :

Ainsi, à la vue de ce sein de lait,
Ramiro, comme un coïon, reste insensible.
Dans le cœur de la Reine, la colère combat
Avec l’effort de la passion lubrique ;
Cependant, toujours elle renouvelle ses attaques
Et tente des épreuves de plus en plus fortes.

Elle laisse tomber la jarretière qui retient
Un de ses bas de soie sur son beau genou,
Puis, se tourne vers Ramiro et le prie
D’une voix douce, avec un regard languissant,
De la remettre lui-même à sa place,
De tirer son bas et de la bien rattacher.

En parlant ainsi, la lubrique Reine,
Insouciante de sa dignité de femme,
Releva sa robe jusqu’au genou
Et montra de quoi émouvoir une bûche,
Je veux dire un petit morceau de cuisse blanche ;
Mais en vain l’eût-elle retroussée jusqu’aux reins :