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ELVIRA


Le Roi, qui aimait beaucoup son favori :
— « Ne crains rien, » lui dit-il, « j’ai confiance en toi,
» Ma faveur jamais ne te sera retirée ;
» Impuissant sera le cri de la calomnie :
» Si j’accepte la boîte, je t’assure
» Que même sans elle je serais tranquille. »

Il dit, et se fit apporter la cire à cacheter
Tout de suite, et le sceau royal ;
Il lia de deux fils le couvercle et le fond
Et consigna la boîte au grand garde des sceaux,
En lui disant : « Il y va de ta vie,
» Si cette petite boîte se perd. »

Cependant, la belle Elvira se préparait
À faire son grand voyage et à remplir son vœu :
Le Roi lui présenta Ramiro,
Comme son guide jusqu’à Saint Toto ;
Et la Reine, soumise aux volontés maritales,
Lança à Ramiro une tendre œillade.

Les carrosses sont prêts, ainsi que l’équipage ;
Ils encombrent les hautes portes de la royale demeure ;
Pour souhaiter à la Reine bon voyage
Accourent au palais dames et chevaliers,
Et chacun dit à part soi : « Quand elle reviendra,
» Le Roi ne manquera pas de cornes. »

Elvira était en habits de gala,
Couverte de rubis et de diamants :
Elle fit en grande pompe son entrée dans la salle
Pour dire adieu à tous ceux qui étaient là.
Et le bon Ramiro, en costume élégant,
Lui donnait majestueusement la main.