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ELVIRA


Cette dame, après son mariage,
Eut une horrible et atroce maladie
À cet aimable orifice oblong
Que je ne veux pas nommer par décence ;
Dans un si misérable état, elle fit un vœu
Au vénérable martyr Saint Toto :

C’était d’aller à son église
Pour y porter un devant d’autel en argent massif ;
Du Saint cette prière fut entendue,
Et, en peu de jours, chose étonnante,
Il lui remit en ordre, de sa bienveillante main,
Ce que mon confesseur ne veut pas que je nomme.

Elvira guérie dit à son mari :
« J’ai fait un vœu, et il faut exécuter
» Les conventions qu’avec le ciel on a conclues ;
» Signor, qu’en dites-vous ? pensez-y bien,
» Saint Toto m’a guérie, je veux sur le champ
» Lui porter moi-même un beau devant d’autel. »

— « Pour moi, je ne demande pas mieux, » répondit
Le Monarque, « allez donc accomplir votre vœu ;
» Mais les routes sont bien dangereuses…
» Quelque malheur pourrait vous arriver…
» Je voudrais bien là-bas vous accompagner moi-même,
» Mais je crains de mettre à mal mes affaires.

» J’enverrai avec vous un de mes sujets, tel
» Que, certainement, il ne pourra vous déplaire :
» Un galant homme qui veille sur toutes ses actions,
» Et qui ne peut voir le sexe féminin ;
» J’agis de cette façon, pour que vous voyagiez
» Sans danger pour votre continence. »