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LE ROI BARBADICANE


— « Je crois, en vérité, que vous êtes fou, »
Dit-elle, fort en colère, à son fils ;
Mais celui-ci lui fit deux caresses,
Et il montra un si insurmontable chagrin,
Que la Reine en eut compassion ;
Elle rit et dit : — « Oh ! tu es un fier brigand !

» Laisse-moi un peu réfléchir en paix…
» Peut-être trouverons-nous quelque moyen…
» Mais, pour le pouvoir faire en conscience,
» Nous demanderons une dispense au Saint-Père.
» Cela, mon fils, tu dois le faire toi-même…
» Et pour le reste, sois bien tranquille. »

Un mémoire au successeur de Saint Pierre
Fut rédigé par ordre de Barbadicane, en bon Latin ;
Ce n’était pas le vrai pape qui gouvernait l’Église
Alors, mais l’anti-pape Tentennino,
Qui en avait frauduleusement occupé
La chaire, à force de Simonie.

C’était un hérétique, un brigand, un bandit,
Que ce pseudo-pape maudit ;
Jamais on ne vit plus grand putassier,
Sauf Barbadicane, comme je l’ai dit ;
Aussi ne fut-il pas sourd à sa prière :
Les coquins entre eux sont toujours d’accord.

Une bulle fut expédiée, qui disait :
« Barbadicani, filio meo dilecto,
» et resignato in voluntate mea,
» erectum penem quando erit in lecto,
» salutem et pecuniam et rationem,
» et apostolicam benedictionem
.