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MUSTAPHA


— « Ami, » lui dit-il, « cette aimable
» Uris te demande un petit service ;
» Va là-bas dans le monde, tu te connais
» En ruses, en sortilèges de toute sorte :
» Prends de Mustapha la laide figure,
» Et chasse-le loin de ses femmes ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait ; le jeune et beau Génie
Descendit sur la terre, si rapide
Que vous l’auriez pris pour un éclair, pour une flèche,
Et incontinent il commença la guerre
Contre ce scélérat de Mustapha, de telle sorte
Qu’il le conduisit à la honte et à la mort.

Dix heures du matin étaient sonnées
Lorsqu’à la porte de Mustapha se présenta
Capelbruno ; il frappa trois fois ;
Les serviteurs tremblèrent comme des feuilles
Et dirent, tout pleins d’angoisse :
— « C’est fini. Plus de paix ! Voici le maître ! »

Ils lui ouvrent, il entre, et, arrivé dans la salle,
Il dit aux eunuques : — « Que faites-vous là ?
» Allez dans le jardin manier la bêche ou la pelle,
» Un homme incomplet ne compte pas pour moi.
» Allez, et devant moi ne reparaissez pas,
» Ou je vous fais jeter par les fenêtres. »

À semblable langage, l’ignoble engeance
Des esclaves mutilés pâlit ;
À coups de pied au cul il les congédia,
Puis il ouvrit les chambres des femmes :
« Venez, » leur dit-il, « belles jeunesses,
» Venez un peu faire les folles avec moi.

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