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MUSTAPHA


Je me rendrais ennuyeux assurément
Si je voulais décrire toute chose,
Et dire comment nos amoureux passèrent les heures
D’une vie si délicieuse ;
Ils buvaient, mangeaient et foutaient,
Ils foutaient, mangeaient et buvaient.

Un jour que la belle Uris avec son cher amant
Avait une tendre conversation,
Ses onze compagnes lui passèrent
Par la tête, et cette pensée fut un nuage
Qui un instant couvrit de ténèbres
Le rayonnant éclat de son visage.

L’amant s’en aperçut, et : — « Quelle pensée, »
Lui dit-il, « t’afflige ainsi, mon idole ?
» Parle, aie confiance en mon amour sincère,
» Qui désire uniquement ton bonheur. »
Elle alors lui expliqua, clair et net,
Combien elle avait souffert avec son cruel époux.

Et elle conclut en le priant de vouloir bien
Punir ce maudit Mustapha,
Qui de l’entrée de son sérail
Fait comme une porte de l’enfer.
Il lui répondit alors : — « Ô ma chérie,
» N’en doute pas, tu seras contente, attends un peu. »

Ce disant, il fit tinter une clochette d’argent
Qu’on entendit dans le palais tout entier,
Et dans leur chambre à l’instant
Apparut une foule de Génies ;
Le jeune homme parmi eux en choisit un
Qu’on appelait Capelbruno.