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MUSTAPHA


Un plaisir si prolongé, tant de vigueur,
Plongèrent dans l’étonnement la mignonne Uris.
— « Oh ! voilà vraiment, » dit-elle, « la bataille d’amour !
» Voilà de vraies armes ! voilà une belle jouissance !
» Quelle volupté inconnue s’empare de moi !
» Oh ! douce extase qui m’enflamme de plus en plus !

» Ah ! l’on ne jouit pas sur terre de cette façon !
» Je vois bien que je suis chez les Dieux,
» Je voudrais… » et sur lui en riant elle fixe les yeux,
« Je voudrais… presque recommencer. »
Il répond alors : — « Si tu ne veux autre chose,
» Me voici prêt à satisfaire tes désirs. »

Aussitôt il recommence à jouer de l’échine
Et continue jusqu’au lendemain matin.
Tantôt il y met toute sa force, tantôt il se modère,
Ralentissant les coups, les pressant à propos ;
Dans le vase d’amour à plusieurs reprises il verse
Du nectar de vie le flot débordant.

Lorsque parut, au ciel la nouvelle aurore,
Ces heureux amants s’endormirent,
Mais toujours étroitement embrassés,
Toujours abîmés l’un dans l’autre,
Et, quand au lit ils entendirent sonner midi,
Après une escarmouche, ils s’habillèrent.

Le prodige fut qu’ils se sentirent
Plus vigoureux après tant de postes courues ;
De la chambre ils sortirent blancs et roses,
Prirent leur chocolat avec un biscuit,
Et dans un petit bois allèrent se promener
Jusqu’à ce que le dîner fût prêt.