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DU PRÊTRE ULIVO


Le prêtre, entendant cela, se mit à rire
Et, relevant le bord de sa chape,
Il y fourra les âmes qu’il avait gagnées.
Il laisse là le Diable, et monte au paradis,
Frappe à la porte ; à un carreau de vitre
Saint Pierre se présente et crie : « Qui va là ? »

— « Je suis le prêtre Ulivo. — Ah ! j’en suis enchanté, passe,
» Tu es le bienvenu… et qu’est-ce que ce paquet ?
» — Des âmes. — Oh ! prêtre ! n’avance pas,
» Pour les laisser entrer je ne suis pas assez sot. »
Pendant ce temps, il tenait la porte entrebâillée ;
L’autre ne répondait pas, et la poussait.

Il dit à la fin : « Vous avez donc oublié,
» Saint Pierre, que vous êtes venus en si grand nombre
» À ma maison, et comme je vous ai traités
» (Je ne le dis pas pour me vanter) avec largesse.
» Laissez-moi passer, par charité,
» Et ne vous montrez pas si cruel. »

— « Permettez au moins que je présente votre requête, »
Dit Saint Pierre, « je reviens dans un moment. »
En parlant ainsi, il avait fermé la porte ;
Il revint bientôt : — « Le maître veut bien, »
Dit-il, « et il vous accorde le passage,
» Pourvu que vous disiez combien d’âmes il y a. »

— « Faites-moi un plaisir, » répondit le prêtre,
« Dites-lui que lorsque je vous ai reçus dans ma maison,
» Encore que vous fussiez en bon nombre,
» J’eus la générosité de ne pas vous compter. »
Saint Pierre haussa les épaules,
Fit la grimace et ouvrit la petite porte.