Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/419

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
DES ROIS


L’obscurité, le sommeil, cet accoutrement
Que le page avait si bien imité,
La tournure, la taille qui ne présentait
Pas de différence, étant la même chez tous deux,
Tout concourut au succès du galant
Et Cupidon lui donna des ailes aux pieds.

La vaste salle où se tenait la garde
N’était éclairée que par une faible lumière
Qui pénétrait à peine dans la chambre,
Où sur un lit riche et doré était couchée,
Entourée d’épais rideaux de soie,
Cette reine très indolente.

Voyant réussir sa malice et sa ruse,
Le page enchanté s’approche de la dame, et aussitôt
Lui fait signe de se retirer de côté ;
Elle lui fait place en grommelant,
Il jette sans tarder ses habits
Et lui monte dessus, tout chaud, tout brûlant.

Sous elle glissant les mains, tractabat,
De ci et de là, crassissimas nates ;
Puis, intra portentosas mammas faciem abscondens,
Il se mit à lui donner des saccades,
Tanto nisu lumbos lateraque movens,
Qu’il en rompit presque les pieds du lit.

Cette reine était une vraie muraille
Qui aurait tenu tête non-seulement à Priape, mais à un canon.
Toutefois, en sentant l’oiseau prendre un tel essor,
Elle s’écria : « Doucement, doucement, calmons-nous !
» Comment pouvez-vous montrer tant de vigueur ? »
Le page continue l’assaut et se tait.