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DU PRÊTRE ULIVO


» Que si par hasard il en vient un, à l’instant même
» Toutes ces concessions papales
» Des flammes en retirent deux cents,
» Et nous restons ici à nous frotter les cuisses. »
» — Vous avez raison, » répondit le prêtre Ulivo,
« Je me le disais aussi quand j’étais vivant.

» Merci donc, brave homme, et bonne journée ! »
Et vers l’enfer Ulivo dirigea ses pas ;
Mais, par des sifflements et des injures
Belzébuth sur le seuil l’accueillit,
Et lui cria ensuite : « Que venez-vous faire ici ?
» Monsieur l’abbé, venez-vous me narguer ?

» Nous savons bien que le séjour du paradis
» Vous a été accordé par notre implacable ennemi,
» Qui, se tenant là-haut loin de nous,
» Nous a confinés dans cet horrible séjour ;
» Allez-vous-en au ciel, parmi les étoiles radieuses,
» Et ne nous rompez plus le tympan. »

— « Mais, foutre ! » dit le prêtre, « si je voulais
» Jouer avec toi mon âme à bambara ?…
» Il se pourrait encore que je la perdisse…
» Allons, des cartes, et prépare la table. »
Le démon resta perplexe un instant,
Puis il dit : — « Je n’ai pas de cartes ici. »

— « Oh ! pour cela, il n’y a pas de mal, »
Répondit Ulivo, « je saurai en trouver. »
Et il en tira de dessous sa chape,
Et quatre ou cinq fois il les mêla ;
— « Ah ! bravo ! » s’écria le Diable, « jouons. »
Et le prêtre Ulivo lui dit : — « Que jouons nous ? »