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DONNA CHIARA


» Ciel, qui de pures et saintes amours as rempli
» Mon âme, de grâce, épargne-lui cette honte !
» Mais auparavant, que la foudre vengeresse frappe
» Et consume cette infâme pourriture !
» Que la terre s’ouvre, et que pour l’éternité
» La flamme de l’enfer la dévore ! »

Après avoir, en criant ainsi d’une voix furieuse,
Accru la confusion de la pauvre abbesse,
Accompagnée de sa fidèle amie,
Elle partit frémissante et s’enferma dans sa chambre ;
Ildebrando, couvert de honte, plein de dépit,
Tourne tout autour de lui des yeux furibonds.

Il fit lier le prêtre, et s’écria : — « Viens, sortons,
» Viens, le feu t’attend, allons, allons ! »
Se tournant ensuite vers la supérieure effrayée :
« Je veux, » dit-il, « que nous causions demain. »
Puis, entouré de ses prêtres et de ses laquais en armes,
Il revint au palais en sacrant.

Comme l’aube du matin apparaissait déjà,
Il ne se mit pas au lit pour dormir ;
Mais, ayant fait appeler son chancelier au bureau,
Il entame un procès diabolique
Contre Irene, qu’il se prépare à faire brûler
Avec les prêtres, l’abbesse et Donna Chiara.

Mais, au moment où sa colère était la plus ardente,
Et le poussait à sévir sans pitié,
Chiara lui écrivit un si gentil billet,
Que sur l’heure il fit élargir les prisonniers
Et gracia des peines par eux encourues
Les prêtres, celle qui lui écrivait et Donna Irene.