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DU PRÊTRE ULIVO


Le prêtre rit et ne lui répondit rien ;
Dans la cheminée broussailles et fascines
Il jette ; la flamme s’élève et se contourne ;
Il ne s’occupe pas de la Mort qui marmotte,
Bougonne, blasphème, et, à chaque instant,
Il met au feu encore un fagot, encore du bois.

La Mort cherche à se retirer en arrière,
Mais l’escabeau tient ferme et ne bouge.
Elle sent brûler ses tibias décharnés
Et tous ses os ; sa souffrance extrême la décide
À dire au prêtre : — « Que voulez-vous à présent ?
» Dites vite, de moi vous obtiendrez tout. »

— « Oh ! je veux bien peu de chose ! » répondit le prêtre Ulivo…
« Seulement deux lignes d’écriture
» Pour autant de temps encore sur cet acte ;
» Il suffit que vous signiez. »
Et, tout en parlant, il sortit l’écrit
Qu’avait autrefois rédigé Gabriel, le docteur.

— « Donnez-moi la plume, l’encrier, »
Dit la Mort, « ah ! coquin de sort, faites vite,
» Ah ! faites vite, mon cher Ulivo,
» Pardieu, je me brûle… dépêchez-vous. »
Elle eut la plume, et en un instant écrivit :
« Confirmé pour cinq cents ans. »

Je me sens pris de rage en disant que de nouveau
Je trouve une lacune dans mon histoire.
Quels ânes d’historiens, vraiment ! Fi ! quelle race !
Je n’aime pas à inventer, et n’approuve pas qui invente ;
Quand il s’agit de choses d’importance, il vaut
Mieux se taire que mal parler.