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DONNA CHIARA


Le ciel, qui à la fin de la semaine
Ne règle pas ses comptes et qui choisit son moment,
Contre cet impie dans les arcanes de sa pensée
Préparait une terrible vengeance ;
Déjà pour lui et pour ses compagnons
Belzébuth aiguisait ses griffes acérées.

Ceux-ci, sous le masque d’une fausse dévotion,
Affichaient une vertu pure et sincère ;
C’était comme des sépulcres blanchis,
Beaux au dehors, en dedans plein de saletés ;
Ils avaient un visage d’agneau, et dans le fond
De leur impénétrable poitrine un cœur de loup.

Parmi ceux qui à l’infidèle pasteur,
Entré par le toit dans la bergerie,
Étaient les plus fidèles et méprisaient le plus
Le saint successeur du bon fils de Jonas,
Le plus audacieux dans ses écrits et dans ses actes
Fut Monsignor Ildebrando Mangiagatti.

Le Seigneur avait retiré sa main de la tête
De cet homme et de celle de son clergé schismatique ;
Sa lèvre adorait le Christ, son cœur adorait Priape ;
Pas un couvent d’hommes ni de femmes
N’était exempt de scandale et de vice ;
Tout allait au pis et roulait à l’abîme.

Sous le gouvernement bizarre et fantasque
De ce suppôt d’hérésie,
Dans le couvent de Santa Maggiorana,
Où tant de vertu jadis florissait,
Arriva la ridicule aventure
Que ma muse vous retrace et vous dépeint.

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