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LE ROI BISCHERONE


Puis dans le palais, assis sur le trône,
Mirtillo reçut l’hommage du Sénat,
Et dit : « Je veux sur la place
» Dans la barque faire un tout petit voyage
» Pour contenter mon épouse chérie,
» Qui est désireuse de voir chose si étrange. »

Bischerone n’aurait pas dû le souffrir, mais quand
Le destin pousse un homme dans les bras de la mort,
Il n’entend plus la voix de la raison
Et il semble emporté par une aveugle folie.
Alors dans la barque Mirtillo fait prendre place
À sa belle épouse, et avec elle s’élance dans les airs.

Sur lui Bischerone tenait ses regards
Fixés, supposant qu’il allait descendre ;
Mais, lorsqu’il eut entièrement disparu,
Le Roi se mit dans une colère atroce, horrible,
Il se mordit un doigt et s’écria : — « Pardieu !
» Quel imbécile, quelle marmotte je suis ! »

Vers son pays natal se dirigea
Mirtillo avec la vierge gracieuse ;
Les époux y furent gaiement accueillis
Par la Fée dans un palais seigneurial.
Elle avait ainsi métamorphosé la cabane
Qu’habitait d’ordinaire le jeune berger.

Bischerone, irrité, essaya tous les moyens
Pour attirer le jeune homme en son pouvoir ;
Il remplit le pays d’espions qu’il payait,
Et, parvenu à savoir par leur entremise
Dans quelle agréable demeure vivaient les époux,
Il s’écria en frémissant : « Je ne suis pas vaincu encore ! »

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