Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/371

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
143
LE ROI BISCHERONE


— « Je saurai bien cependant que faire, »
Répondit le prince, « bredouilleur insipide. »
Alors se leva et se mit à parler
Le marquis Rambaldo Palombaro ;
Il dit : — « Majesté, je suis étonné
» De voir le conseil traîner tant en longueur.

» Pourquoi rester si longtemps à vous ennuyer,
» À nous dessécher pour rien oreilles et poumons ?
» À votre mal le remède est facile,
» Donnez à ce gueux une bonne somme,
» Et qu’il vous fasse remise définitive
» De tous ses droits et de toutes ses prétentions. »

— « Ceci, » dit le Roi, « est une bonne idée :
» Fixons la somme, et que le Trésorier la donne. »
À ces mots, le Trésorier se leva
Avec un air de mauvaise humeur,
Et dit : — « Sire, impossible de faire cela,
» Nous avons un déficit, les caisses sont vides. »

— « Les caisses vides ! » s’écria le Prince, « oh Dieu !
» Oh ! voyez le dernier des brigands !
» Les caisses vides !… S’il en est ainsi, tu es
» Un vrai trésorier de mes couillons !
» Les caisses vides !… Ah ! il n’est plus temps à présent !…
» Parlez, vous, connétable Polinesso. »

— « Sacrée couronne, » répondit-il, » je dis
» Qu’il faut avoir l’air de tenir votre promesse ;
» En apparence, qu’un chaste hymen
» Unisse la fille du Roi à l’étranger ;
» Qu’il se figure avoir le royaume en présent,
» Qu’il monte sur le trône, qu’on lui fasse la cour.