Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/370

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
LE ROI BISCHERONE


Le visage meurtri et sanglant,
Sombre, mugissant comme un taureau,
Bischerone retourna sur son trône, et après être resté
Quelque temps en silence, il dit
À l’assemblée : — « Parlez, allons, messeigneurs,
» Débarrassons-nous de cette affaire ;

» Que le bailli Faionco dise son avis. »
Celui-ci fit une révérence disgracieuse,
Se gratta la tête, se rassit
Avec beaucoup de lenteur, prit du tabac,
Pinça les lèvres, haussa les épaules et de la façon
Que voici satisfit à cette demande.

— « Moi ?… que puis-je vous dire ?… quand je vois…
» Vraiment… seigneur… je ne voudrais pas…
» Mais !… ces avis affichés… s’il faut prévoir…
» En somme, je veux m’occuper de mes affaires
» Et je vous dirai comme l’Ughi :
» Que celui qui a pissé au lit le sèche. »

— « Ah ! espèce de brigand ! misérable ! »
S’écria le Roi, saisi d’un nouvel accès de fureur,
» Si je vais encore là-bas !… Sacré bougre !
» Je te ferai voir qui a pissé au lit.
» Mais laisse faire, nous verrons cela plus tard !
» Chevalier Capogatto, parlez, vous. »

— « Mais, Majesté, » dit celui-ci, « par vous… vous-même,
» Vous êtes un con… con… conseiller par… parfait,
» Et vous don… donnez si sou… souvent votre avis,
» Que mes pa… paroles ne va… valent pas pour vous un ra…dis
» Il me sem… semble que c’est une plai… plaisanterie
» De vou… vouloir que je vous don… donne un con… conseil. »