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LE ROI BISCHERONE


Au berger qui dormait apparut la Fée
Qui de Bischerone était la persécutrice ;
Elle lui dit : « Le temps enfin me paraît venu
» De rendre Pontadera heureuse et fortunée ;
» Je veux lui donner un roi d’excellentes mœurs,
» Présent le plus utile que puissent faire les Dieux.

» Lève-toi, tu seras le Roi : une fois assis sur le trône,
» Réprime le vice affreux, protège la vertu ;
» Que le flatteur impie soit repoussé loin de toi,
» Que la vérité ait auprès de toi accès facile,
» Que loin de ta demeure soient chassés et s’enfuient
» Les brigands qui portent des masques de saints.

» Comme tu as aimé ton troupeau, aime également
» Le nouveau troupeau dont je te fais don ;
» Les sujets qu’un roi aime et chérit
» Sont les soutiens du roi et l’appui de son trône ;
» Je te protège, va ; le trône, la reine,
» Tu auras tout, la barque du destin est ici près à tes ordres. »

Elle disparut alors ; le jeune homme, réveillé,
Voit avec un profond étonnement
Auprès de lui la fragile et surprenante barque,
Qu’imita plus tard Montgolfier ;
Barque que jusqu’ici, poussés par un fol orgueil,
Après Mirtillo, bien des gens ont montée sans succès.

Après avoir rendu grâces à la Fée, courageusement
Il monta dans la nacelle ; alors au-dessus de la terre
Le navire s’élève, et vers l’Olympe lumineux
D’un vol tranquille il s’élève toujours davantage ;
Déjà l’épaisse forêt ne l’entoure plus,
Déjà la terre et l’eau n’ont qu’un même aspect.