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LE ROI BISCHERONE


À peine cette affiche fut-elle placardée
Que la démangeaison de la demoiselle se calma ;
Cependant, la renommée, en l’enjolivant un peu,
Répandit la nouvelle par ci et par là :
Tout le monde eut la cervelle pleine et encombrée
De projets pour faire une si drôle de barque.

Les faiseurs de projets s’y cassèrent la tête
Et plus d’un en devint fou ;
En vain suèrent et physiciens et algébristes ;
En cherchant à en venir à bout,
Les mécaniciens ne firent que des sottises,
Et les mathématiciens ne firent rien.

Sirius brûlait la terre altérée,
Il faisait languir les plantes, décolorait les fleurs.
Les oiseaux se taisaient ; seule, bien haut
L’ennuyeuse cigale faisait retentir ses cris ;
Zéphyr avait abandonné la campagne,
Et cherchait asile à l’ombre bienfaisante d’un bois.

Là, à l’ombre d’un chêne séculaire
Dormait Mirtillo, l’aimable berger ;
Il avait le front baigné de sueur,
Tant il avait supporté de fatigues et de chaleur ;
Son troupeau, pendant ce temps, paissait autour
Du pré hérissé, du hêtre immense, du frêne sauvage.

À ses pieds, bien las, prenait du repos
Malampo, toujours prêt à poursuivre le loup,
Et tout en fixant sur son maître un regard affectueux
Et en donnant au troupeau un coup d’œil vigilant,
Pour faire taire de son gosier l’ardeur extrême,
Il ouvrait largement la gueule et respirait fréquemment.