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LE ROI BISCHERONE


» Et quand même il arriverait
» Que d’une barque si ridicule le conducteur
» Se présentât à nous, il n’aura jamais
» Vespina… » À ces mots la démangeaison
De la jeune fille, qui par un heureux hasard
Était calmée, reprit de plus belle.

Elle devint si vive et si agaçante
Que Vespina, pour se soulager, aurait volontiers pris un raifort,
Un trognon de chou, un concombre, un verrou,
Un peigne à lin, peut-être même un pieu.
Elle trépigne le jour, jamais ne ferme les yeux
La nuit, et elle crie : « Oh ! maman ! ça me démange là ! »

Ainsi, lorsque le paresseux Janus
Remplit les nez et les pieds d’engelures,
La chatte qu’Amour a férue, par de longs et bizarres
Miaulements, sur les toits les plus hauts
Appelle en vain son sourd amant
Et rompt la tête à tout le voisinage.

Autant il se trouva de médecins dans le royaume
Et jusqu’en Abyssinie et au Pérou,
Autant on en appela ; ils prirent l’engagement
De la guérir, et aucun n’en fut capable ;
Bischerone penchait vers le Protestantisme,
Voilà pourquoi il ne se servit pas d’un Franciscain.

À la fin, importuné par sa femme,
Il se décida à faire ce que voulait la Fée ;
Aux colonnes des palais royaux
Et à tous les coins de rue fut affichée
Une grande pancarte, dans laquelle on promettait
La fille et le royaume à qui ferait la barque.