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LA VIE ET LA MORT


» Que soit su et connu de tous ceux
Qui ces présentes verront, liront et entendront,
Ou qui, étant aveugles, sourds ou ignorants,
Les feront lire, voir ou entendre par d’autres,
Ce pacte important fait selon la loi
Et dressé par moi, notaire soussigné :


» À savoir, que le révérend prêtre Ulivo,
Ayant un jour obtenu de la faveur céleste
Que quiconque monterait sur un poirier à lui
Y serait éternellement retenu,
Jusqu’à ce que le susdit prêtre ou les siens voulussent bien
Lui donner permission d’en descendre ;


» Et Madame la Mort étant,
À l’instigation du susdit prêtre,
Montée là-haut, et désirant beaucoup,
Pour faire quelques affaires secrètes de son ressort,
En descendre, d’autant plus que, pendant la nuit,
Elle a pris un léger refroidissement,


» Et, comme elle a adressé requête
Au prêtre, pour qu’il prononçât les paroles
Par lesquelles le charme qui la fait rester perchée
Sera rompu, afin qu’elle puisse aller où elle veut,
Et comme le prêtre, à ces demandes,
Consent à céder sous certaines conditions,


» Il demeure convenu entre les parties,
Que pendant cinq cents ans et quatre mois,
Le prêtre Ulivo demeurera en vie,
Que la Mort ne lui tendra pas d’embûches
Et que, ce temps écoulé,
Sous la puissance de sa faux il retombera.