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LE ROI BISCHERONE


De grands vases d’argent, dans des tasses d’or
Ornées de guirlandes de fleurs on versa
La paisible liqueur du Smannoro
Et le petit vin blanc de Barbaregina,
Dont les fumées ne troublent pas le cerveau
Parce qu’il est aux jambes avant d’être à la tête.

Après les rafraîchissements, la Fée demanda
Son encrier, et, ses ordres exécutés,
Elle écrivit un billet pour Bischerone ;
— « Je vous ordonne, » dit-elle au chevalier
Piolo, « de le porter en mains propres ; dans ce billet,
» Votre roi verra mon expresse volonté. »

Ils firent une très profonde révérence
Et promirent d’exécuter les ordres de la Fée ;
Puis, ayant pris congé avec de belles façons,
Les Ambassadeurs lui tournèrent le séant
Et, remontés dans leur véhicule,
En trois mois ils regagnèrent leur patrie.

Ils arrivérent au moment où leur souverain,
Voyant tant tarder leur retour,
Sacrait comme un lansquenet Luthérien
Et semblait possédé de mille démons.
Il prit la lettre, et fit aussitôt
Convoquer le Conseil pour la lire.

Les membres étant réunis, le président,
Après le cérémonial d’usage,
Arma son nez d’une double lentille,
Vulgairement, se mit une paire de lunettes,
Tira un crachat de sa poitrine,
Puis, d’une voix nasale, lut le billet :