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LE ROI BISCHERONE


Le Roi, arrivé à la chambre où la Reine
Consolait sa fille désespérée :
— « Allons, réjouis-toi, Vespina, » dit-il,
« Allons, courage, allons, ne crains rien ;
» Avec un gentil époux tu joueras sous peu
» Le jeu mignon que je joue, moi, avec ta maman. »

Il le pensait ainsi, et ainsi le crurent
La triste jeune fille et la mère aussi :
D’autant plus qu’à l’instant même se calma
La démangeaison qui la rendait si malheureuse ;
Cela passa pour un bon signe
Et le fait fut mis dans les gazettes de tout le royaume.

Cependant, par vaux et par monts
Voyageaient nos Ambassadeurs ;
Dans les auberges ils faisaient de beaux comptes
En mettant au pillage volailles et liqueurs ;
Et ils caressaient les jolies hôtesses
En marmottant entre eux : « C’est le peuple qui paye. »

Au bout de trois mois entiers, ils arrivaient
Dans la forêt de la Tarambugia,
Où, orné de brillants et d’émeraudes,
S’élève le palais de la Menandugia ;
Ils mirent pied à terre dans une vaste cour,
Et à la Fée demandèrent audience.

Ils l’obtinrent aussitôt, et au milieu de ses damoiselles
Ils la trouvèrent assise sur un trône ;
Quand de bordat et de flanelle
Ils lui eurent offert en présent les riches pièces,
Après avoir fait une profonde révérence,
Le chevalier Piolo dall’ Ardenza prit la parole :

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