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LE ROI BISCHERONE


Les cuirassiers s’avançaient ensuite
Avec de riches uniformes galonnés,
Tantôt à l’amble, ou au trot, ou au galop,
Sur de très agiles bourriquets
Qui brayaient d’un ton terrible et guerrier
Et paraissaient autant de gardiens de la Sainte Croix.

Entourés de gardes et de serviteurs
Qui portaient avec eux mille affiquets,
Marchaient, poitrine en avant, les sénateurs
Avec des robes qui ressemblaient à des chapes
Et de grandes perruques, si longues, si longues,
Qu’elles traînaient d’une palme et plus après leurs talons.

L’air tantôt grave, tantôt séduisant,
Riant à demi sous leurs moustaches,
Venaient les favoris et les conseillers,
Qui, entre eux, avec de mielleux propos,
Soutenaient que le Roi, pour de si hautes fonctions,
Faisait toujours choix des plus sots.

Dans un char couvert, entouré
De lauriers, et traîné par trois paires de bœufs,
S’avançaient ensuite, entourés de gardes,
Les Ambassadeurs, en habits de héros,
Avec le manteau, avec les cothurnes, et avec le casque
Enrichi de plumes de coq.

Près de l’arc était une tribune où se tenait assis
L’archevêque Trippa sur un tabouret plat ;
Il bénissait chacun au passage,
Tantôt de la main, tantôt avec son goupillon,
Et aux ambassadeurs qui partaient en voyage
Il fit ensuite une très docte homélie.