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LE ROI BISCHERONE


» Donc… — Donc, Seigneur, il est nécessaire,
Répliqua Lasagna, « de lui donner un mari…
» — Oh ! j’ai plein le cul de vos discours, »
S’écria Bischerone, tout à coup furieux.
— « Ah ! » répondit la femme, « faites à votre guise,
« Mais prenez garde d’avoir à vous en repentir après. »

— « Ah !… » dit le roi plus calme, « la démangeaison
» Qui dévore ainsi notre fille
» Est certainement le résultat de l’animosité
» Qu’a contre moi la fée Menandugia !
» Il y a longtemps que cette fée haineuse
» Joue de mauvais tours à ma royale maison. »

— « Je ne sais si c’est la Fée ou la Nature, »
Dit Lasagna, « je sais bien qu’il faut
» Lui donner un mari et tout de suite,
» Ou, je le répète, nous aurons honte et vergogne :
» Puis… — Taisez-vous, » dit le Roi, « je ne suis pas
» Un imbécile, et,… foutre !… quand je pense…, je pense !

» Pour que la Menandugia s’apaise
» Et transforme sa haine en paix et amitié,
» Par une solennelle ambassade
» Je lui enverrai demander qui il lui plaît
» De faire prendre à notre Vespina pour mari,
» En lui donnant le droit de décider.

» Quand cette fée aura en sa présence
» Quatre ou cinq de nos gros bonnets,
» Qui, en grand manteau, avec rabats et gants,
» Lui diront de ces gros mots bien ronflants,
» Je m’entends, moi !… non, elle n’aura pas le cœur
» De me scier le dos davantage.