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MADAME LORENZA


Elle le toucha, elle le serra et, de plaisir,
Elle se remua tant que le lit en trembla ;
Mais dans quelle douce extase elle fut plongée
Lorsque des préliminaires il en vint à l’action !
Son bonheur fut si grand, que jamais réalité
Ne put égaler cette délicieuse apparence.

À ce moment, la prévoyante Nature
Arrosa les voies amoureuses de la pluie vitale,
Mais une si ardente flamme n’en fut guères calmée :
Ainsi le feu que la cendre a couvert,
Si le vent dissipe sa légère prison,
Allume en un instant un vaste incendie.

Elle se réveilla plus tranquille ; déjà Phœbus
À l’Orient paraissait au-dessus de la colline,
Et, traversant les rideaux de soie,
Faisait par la fenêtre pénétrer ses rayons
Qui dans la chambre dorée semaient
Une lumière douce et purpurine.

Elle se rappelle son doux sommeil, et
Bien que la violence de ses feux soit alors calmée,
Elle a présente aux yeux l’arbalète de ce moine,
Et ne peut faire moins que d’y penser ;
Elle étend son beau bras blanc
Et tire résolument la sonnette.

Au bruit accourt sa fidèle servante
Qui lui souhaite le bonjour
Et lui demande comment elle a passé
La nuit ; elle répond : — « J’ai mille soucis.
» Ce procès ne me laisse pas dormir ;
» Faites-moi venir le père Alfonso.