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MADAME LORENZA


Elle invoque alors, pour le rendre propice à ses désirs,
Le Dieu qui règne dans les grottes Cimmériennes ;
Mais il fuit loin de sa chambre,
Et des veilles répétées, interrompues
Par un songe irritant et inquiet,
Accroissent en elle le désir et le besoin.

Ainsi qu’un malade brûlé par une fièvre ardente
Ouvre les yeux et recherche les rayons du jour,
Puis les ferme, et revoit la chimère
Ou le spectre qui rôde autour de lui,
Ainsi dans la pensée de la dame restait fixé
L’énorme morceau par Con-gros décrit.

Elle en a l’esprit tellement frappé,
Qu’elle se figure lui voir faire ses prouesses ;
Elle se met vite sur son séant,
Ouvre les yeux et ne voit que ténèbres.
Alors elle étend sur le lit sa main avide
Désireuse de l’empoigner, mais elle ne prend rien.

Cependant il lui semble que de sa fente embrasée
S’approche cet immense et gigantesque Priape ;
Et son imagination travaille, à ce point
Que déjà elle croit sentir entrer l’énorme tête ;
Et son cœur palpite, elle est haletante, elle sent
L’eau lui venir tout à coup à la bouche.

Une courte illusion ne peut calmer
Sa folle fureur utérine ;
Elle s’agite, elle se tord, elle trépigne,
Elle mendie le secours de la main :
Mais que peut, maigre aliment pour une si grande faim,
Le doigt du milieu pour assouvir ses désirs ?