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MADAME LORENZA


» Mais telle qu’au-dessus des arbrisseaux et des plantes
» Qui de tous côtés l’environnent,
» S’élève le pin ; ou telle qu’au-dessus de tout jeunes
» Séminaristes, on voit se dresser comme une tour
» Un préfet maussade ; telle qu’au-dessus des granges
» Les clochers s’élancent dans la plaine :

» Ainsi… (cela ne peut me sortir de l’idée),
» Droite, menaçante, les veines gonflées,
» Au-dessus de tous les outils humains, bien haut se dressait
» La catapulte de ce cochon de Moine !…
» Mais je perds bien mon temps : impossible de vous dire
» À quel point cette affaire était bestiale et grosse.

» Ce que j’ai vu, je vous l’ai fidèlement exposé,
» Il n’y a donc plus aucun doute ;
» Vous pouvez sans hésitation prononcer votre jugement
» Contre qui fut l’auteur de ce viol affreux,
» Et vous pouvez infliger au Moine et au Militaire
» Tel châtiment exemplaire que vous voudrez. »

La Duchesse, se soutenant la tête
Avec un bras appuyé sur l’oreiller,
Reste absorbée dans de profondes pensées ;
Elle roule ses noires pupilles,
Mord ses lèvres roses, secoue la tête,
Soupire, et ses joues se couvrent de rougeur.

À la fin, elle fit cette courte réponse :
— « Bonsoir, Con-gros, emportez la lumière, »
Et quand elle s’est bien enfoncée
Entre les draps blancs, dans le duvet moelleux,
Elle s’arrange en se tournant du côté
Où elle goûte d’ordinaire le sommeil le plus paisible.

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