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MADAME LORENZA


» La fissure de la belle Rosina,
» Madame, est si grande et si large
» Qu’on la prendrait pour la bouche d’un four,
» L’ouverture d’un puits, une fosse béante ;
» Elle prouve bien que l’indiscret amoureux
» A mis en œuvre un engin d’éléphant.

» Je dirai de plus qu’en votre absence
» J’ai étendu la mission que vous m’avez confiée,
» Et j’ai fait visiter devant moi
» La servante, non comprise dans votre ordre.
» De cette façon, j’ai trouvé le moyen
» D’expliquer l’énigme et de dénouer le nœud.

» Sa pâleur, sa rougeur, l’extrême
» Impatience qu’on remarque en elle,
» Sa manière de marcher, comme elle faisait, en boitant,
» Son regard en dessous, les rires de ces coquins,
» M’ont fait croire qu’elle avait sa part
» Dans l’aventure, et que prudemment elle la taisait.

» À la visite, on s’aperçut qu’elle n’avait pas,
» Elle non plus, sa fleur virginale ;
» Mais elle lui a été enlevée, on peut le dire,
» De façon à faire honte à l’opérateur :
» C’en est un qui pour le combat d’amour
» N’a qu’un cure-dents, un fétu de paille.

» Et, de fait, quand on visita le Capitaine,
» On lui trouva un ustensile petit, mesquin…
» Je ne crois pas que membre humain à l’amour destiné
» Ait jamais fait si piètre figure !…
» Et cependant, il a dépucelé cette servante !
» Il faut vraiment qu’elle l’ait eu de beurre !