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MADAME LORENZA


» Eh bien ! pour sortir d’un tel embarras,
» Je leur en ferai porter la peine à tous deux…
» — Oh ! c’est précisément ce que je ne veux pas, »
Dit Rosina, « cela ne fait mon affaire :
» J’ai été violée, mais une seule fois ;
» Une seconde serait gourmandise. »

Con-gros observa : — « Nous avons oublié
» Un point important ; notre sagesse
» Ne mérite guères d’éloges ; nous avons mangé,
» Comme on dit, le porreau par la queue ;
» Un examen soigneux de cette virginité violée
» N’a pas encore été fait, comme il l’aurait fallu. »

— « Par Bacchus ! vous avez raison ! cela reste
» À examiner, » répondit la Dame ;
« Qu’on appelle bien vite les matrones
» Et qu’elles visitent cette… mais je veux aussi
» Que les instruments de ces accusés
» Soient pareillement visités, et sur-le-champ. »

Puis, jetant un coup d’œil sur l’horloge :
« C’est l’heure du théâtre, allons, allons ;
» L’empereur s’ennuie d’y rester seul ;
» Pour le moment, suspendons ce procès ;
» Vous, Con-gros, assistez à la visite ;
» À mon retour, vous me rendrez compte de tout. »

La nuit était plus d’à moitié passée
Lorsque la Duchesse fut de retour,
Et, lorsque sur le duvet elle fut à son aise,
Elle dit : — « Allons, racontez-nous, mamselle Con-gros,
» La visite a-t-elle eu lieu ? — Certainement, »
Répondit-elle, « et j’y ai assisté.