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MADAME LORENZA


À ces mots, la maman devint toute rouge
Et répondit : — « Excellence ! c’est ma fille !
» Mon exemple… Je ne sais comment on peut…
» Masuccio, dites-moi si une seule fois
» Je me suis écartée du chemin de la vertu… »
Et Masuccio haussa les épaules.

— « Hé ! y a-t-il quelqu’un là ?… partez tout de suite, »
Dit Madame, « et que les vêtements de nuit
» De ces hommes me soient sur l’heure apportés !
» Nous verrons ainsi qui doit payer les pots cassés,
» Et l’on verra en même temps, ma fille,
» Si vous avez dit vrai ou si vous avez menti. »

Le valet de chambre, de retour, rapporta un paquet
De deux chemises et deux paires de caleçons.
La Duchesse les fit étaler tout de suite,
Et, à l’extrême surprise de chacun,
Le linge des deux accusés fournit matière
À les convaincre de défloration.

Cette découverte stupéfia les assistants :
Toutes les dames se mirent à rire : la Duchesse
Se mordit un doigt, la servante devint pâle,
Rosina pâlit, elle aussi ;
Le moine et le guerrier, se regardant en face,
À grand’peine se retinrent de rire.

Con-gros pinça les lèvres, Masuccio secoua
La tête et blasphéma ; sa femme prit
Ses lunettes et s’écria : — « Qu’est-ce que cela veut dire ?
» — Ma fille, il y a des indices tels, »
Dit Madame, « le cas est si bizarre,
» Que, j’en jurerais, vous avez tâté de l’un et de l’autre.