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MADAME LORENZA


» Donc c’est le Capitaine. — J’ai entendu, moi aussi,
» Une femme crier, prise à l’improviste, »
Répliqua celui-ci, « vous êtes le coupable et non pas moi,
» Car ces cris venaient d’en haut. »
Masuccio, interrogé, répondit
Qu’il n’était sûr de rien et ne pouvait rien affirmer.

Brigida, vivement : — « Tous ces bruits-là, » dit-elle,
« Excellence, je ne les ai point entendus,
» Et cependant j’étais levée à la pointe du jour !…
» Hier soir on a vidé plus d’une bouteille,
» Et vous savez que boire plus qu’il ne faut
» Donne souvent quelque mauvais rêve. »

— « Ce n’est pas un songe que j’ai fait, » dit Rosina,
« Il n’est que trop vrai qu’un homme est monté sur mon lit ;
» Toi aussi, tu as crié fort ce matin :
» Au milieu de l’escalier j’ai entendu ta voix…
» — Ma voix ? » dit Brigida, « ne voyez-vous pas
» Que vous avez fait un rêve et le croyez réel ? »

— « Je le répète, mon malheur n’est que trop vrai, »
Reprit Rosina, « à ma grande honte
» Ma fleur virginale m’a été volée,
» Si bien que je n’ose plus lever les yeux…
» — Qui donc a fait le coup ? » demanda Con-gros, « est-ce
« Le révérend Père ou Monsieur le soldat ? »

— « Que puis-je dire ?… Accablée d’un profond sommeil,
Répondit Rosina,… « vous voyez bien…
» — Oh, parbleu ! » s’écria la Duchesse,
« Il paraît que vous dormiez bien fort ;
» Mais ne pourriez-vous pas, pour trouver ce misérable
» Qui vous a ravi l’honneur, donner un léger indice ? »