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MADAME LORENZA


Il part, et le bon Masuccio se présente ;
Il traîne les pieds et accumule les révérences,
Il présente son papier et n’ose parler ;
Madame rit et ne se lasse pas, à force d’affabilité,
De lui donner du cœur ; il fut beau de le voir alors
Lever la crête et jacasser comme un merle.

Elle s’informa de tout minutieusement,
Comme c’est la coutume d’un bon chancelier,
Mais à Madame Lorenza Masuccio
Répondait péniblement ; il parut hésiter
Quand il lui fallut dire qui, du Moine ou du Capitaine,
S’était rendu coupable de l’affreux attentat.

— « Quel qu’il soit, » dit la petite Duchesse,
« Il ne tardera guères à le payer cher ;
» En vain il a pris le parti de fuir
» Devant la rigueur des lois, devant ma sévérité.
» Je le découvrirai, il sera puni par moi…
» Oh ! cela ! je m’en souviendrai !

» Ah ! le porc ! s’attaquer à une femme pendant qu’elle est
» Plongée dans le sommeil, et qu’elle ne s’y prête pas !
» C’est le goût du cardinal Giovan Maria !
» C’est un acte des plus sales, des plus immondes ;
» Quiconque se procure un tel plaisir
» Ne peut avoir qu’une âme vile, grossière, brutale.

» Il ne peut se commettre au monde péché
» Qui soit, par les demi-Dieux de la terre,
» Poursuivi avec une plus cruelle rigueur
» Que celui dont ils se sont rendus coupables ;
» Ils cherchent ainsi à éviter l’infamie pour eux-mêmes
» Et à leur postérité ils veulent l’imposer. »