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CHANT II




Voici Madame qui reparaît ; le temps me durait
De lui voir faire en scène son entrée pompeuse ;
Je l’avais toujours présente à la pensée :
Mais, en passant d’un sujet à un autre,
Le Lecteur, qui l’a peu connue,
L’aura sans doute presque oubliée.

Le soleil, au-dessus de la mer, colorait en rouge
Les nuages d’azur de ses rayons d’or,

Et, s’accompagnant d’un tambour de basque, la belle petite Duchesse

Détonnait en chantant : « Se ti perdo, o mi tesoro ! »
Marco Basetta était assis près d’elle
Et sentait à ces accents son cœur s’épanouir.

À ce moment entrait dans la demeure ducale,
L’âme enflée d’un courroux mal déguisé,
Amené là par la volonté de sa femme,
Son mémoire à la main, maître Masuccio,
Demandant à parler à la Duchesse ;
Et sa demande fut vite exaucée.

Avant qu’il arrivât, le grand Empereur
Mit la favorite au courant de l’histoire ;
Puis il lui dit : — « Il faut ici se faire honneur
» Au point que la nation en soit stupéfaite ;
» Examinez… réfléchissez… et puis après…
» Absolvez… pendez… faites ce que vous voudrez. »

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